Exit 8

J’ai vu Exit 8 de Genki Kawamura et je ressens un sentiment mitigé 🤔. Cette adaptation du jeu vidéo éponyme japonais sorti en 2023 m’a plongé dans un couloir de métro où un homme piégé doit traquer les anomalies pour atteindre la sortie numéro 8. Moi qui n’avais jamais joué au jeu original, je me suis laissé happer par cette proposition qui mélange habilement fantastique, thriller et horreur psychologique.👤

Le film cultive un sentiment de malaise tout à fait voulu, et c’est là sa grande réussite 😰. Genki Kawamura, réalisateur déjà connu pour des drames plus intimistes comme N’oublie pas les fleurs, opère un virage radical avec cet exercice de style claustrophobique. L’utilisation du Boléro M 81 de Ravel comme fil musical est particulièrement astucieuse : cette boucle entêtante gagne en intensité et illustre parfaitement l’emprisonnement dans un cycle infini. La mise en scène exploite brillamment les espaces confinés, avec notamment une longue séquence d’ouverture en vue subjective qui nous plonge immédiatement dans la peau du protagoniste.​

Ce qui m’a agréablement surpris, c’est le changement de perspectives proposé par le film à plusieurs reprises 👍. Contrairement au jeu vidéo qui se concentre uniquement sur la mécanique de détection des anomalies, le scénario écrit par Kawamura et Kentaro Hirase enrichit la proposition en explorant des thèmes comme l’isolement social au Japon, l’individualisme et même la parentalité. Le film ne se contente pas d’être une simple transposition ludique, il devient une œuvre à part entière qui interroge notre rapport au quotidien et à l’existence.​

Les acteurs jouent bien, à commencer par Kazunari Ninomiya dans le rôle de « l’homme perdu » 🎭. Sa performance est d’autant plus remarquable qu’il porte le film la plupart du temps à l’écran. Ninomiya a d’ailleurs participé à l’écriture du scénario, conscient que son jeu devait combler l’écart entre le texte et la réalité du plateau. Il privilégie une expression minimaliste et subtile, parfaitement adaptée au huis clos oppressant. Yamato Kôchi et Naru Asanuma complètent un casting resserré mais solide, apportant une énergie imprévisible qui maintient la tension.​

Malgré ces qualités indéniables, je reste sur ma faim concernant le final 😕. L’originalité de la proposition n’a pas été poussée assez loin selon moi, et le film perd en intensité dans sa seconde moitié. Certaines décisions des personnages m’ont semblé irrationnelles, même si je comprends leur nécessité narrative. Le film pose des questions intéressantes mais ne leur apporte pas de réponse satisfaisante, laissant une impression d’inachevé. Cette répétitivité inhérente au concept du jeu devient parfois pesante à l’écran.

Au final, Exit 8 reste une expérience intrigante qui mérite le détour pour son ambiance singulière et sa mise en scène inventive, même si elle ne parvient pas à exploiter pleinement son potentiel.

Sources :
AlloCiné | IMDb | SensCritique | Numerama | Culturellement Vôtre