Yoroï

À la frontière du fantastique, de l’horreur et de la comédie, Yoroï insuffle à l’automne cinématographique une proposition originale et résolument pop, à mi-chemin entre la France et le Japon 🇫🇷🇯🇵. Dès les premières scènes, le spectateur est embarqué dans une aventure rythmée par une armure ancestrale trouvée au fond d’un puits, capable de réveiller des créatures mystérieuses, les yōkais. Le film joue avec cette légende nippone, la transposant dans le quotidien d’Aurélien, musicien désabusé, incarné par Orelsan, qui fuit la célébrité pour se réfugier avec sa femme dans la campagne japonaise.

Le scénario, assez classique et légèrement prévisible, est pourtant bien exécuté et superbement mis en scène 🎥. Les scènes d’action abondent, elles sont magnifiquement chorégraphiées et déploient un bestiaire démoniaque. Le tabac et alcool font partie des monstres à combattre, ça j’aime bien 👹🍶🚬. Cette allégorie grinçante rappelle l’humour décapant et introspectif d’Orelsan, tout en convoquant un fond philosophique sur la célébrité et le burn out, où chaque affrontement nocturne devient le prétexte à une introspection sincère et parfois burlesque.

La fantaisie du film explose dans la mise en scène et la direction artistique : effets spéciaux artisanaux, influences manga et vidéoludiques, humour à la Quentin Dupieux, le Japon est filmé avec autant de tendresse que d’ironie. On se régale des contrastes entre la beauté des paysages et le surréalisme pop des combats 💥🌸. Pourtant, derrière ce carnaval visuel, Yoroï offre aussi une réflexion plus grave sur la filiation, la perte de contrôle et l’identité : Aurélien, en quête de lui-même, doit affronter ses propres démons et même un double maléfique, Orelsama, dans une revisite burlesque et thérapeutique de la notion de « créature médiatique ».

Le long-métrage s’adresse en priorité aux fans de l’artiste, qui y retrouveront ses questionnements philosophiques et sa folie douce, même si, personnellement, le rap n’est pas mon univers de prédilection… Mais le divertissement reste largement satisfaisant, grâce à l’énergie des acteurs, la pénombre évocatrice des décors nippons et l’audace du ton, à la fois mélancolique et effronté 😈🗾. Malgré quelques longueurs et un dernier acte un peu plus pesant symboliquement, Yoroï réussit son pari : faire cohabiter introspection et exorcisme surnaturel dans un cinéma de genre hybride et sincère, à la fois farfelu et touchant.

Sources :
https://mulderville.net/fr/critiques/6781/yoroi
https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=1000172512.html
https://www.abusdecine.com/critique/yoroi/